Les frémissements du printemps…
Depuis bientôt 4 ans, nous avons décidé, Anne et moi de tenter le chemin de l’autonomie. Face à la pandémie, confronté à la guerre en Ukraine, interrogé par les dichotomies grandissantes de nos sociétés, par la perte de la biodiversité et les changements climatiques, nous avons pensé avoir la chance de pouvoir nous rendre plus autonome. Autonomie énergétique et alimentaire. Bref, une voie pour nous garantir une sécurité tant physique que psychologique.
Dans la frénésie et l’enthousiasme, nous avons tenté de créer des projets de résiliences, de centrer nos activités vers l’importance de mener des recherches et expérimentations pour améliorer le monde de la production et de la transformation et proposer des réponses à l’autonomie alimentaire.
Projet de Jardin-forêt, expérimentations de parcours techniques adaptés au climat, au sol et favorisant la biodiversité, expérimentations de l’agriculture syntropique, etc… Des méthodes culturales jusqu’au matériel pour améliorer la productivité sans pour autant nuire aux dynamiques du vivant, nous n’avons pas convaincu nos partenaires de l’indispensable nécessité d’une recherche action, ni d’ailleurs les institutions.
Même si l’attention a été portée jusqu’aux méthodes de gestion de collectifs et une des attentions portées aux membres de ces collectifs, nous réalisons qu’il y a encore du chemin pour améliorer nos postures et qu’à l’inverse, il y a encore beaucoup de chemin pour que les expérimentations soient considérées comme essentielles tant pour les acteurs de la production et de la transformation que les consommateurs.
Même si nous avions la conscience mentale de la fracture vitale qui traverse nos sociétés, nous étions à mille lieux de ressentir le gouffre qui s’installe entre le vivant et la vision que nous en avons.
Dans ce parcours, nous avons découvert les différentes approches du vivant par la permaculture, le maraîchage sur sol vivant, l’agriculture syntropique et bien d’autres approches de ce vivant qui nous alimente. Qu’ils soient conventionnels ou bio, sur grande ou petite surface, en biodynamie ou encore portant d’autres lunettes, nous avons effleuré le quotidien de ceux qui réalisent ou du moins favorisent les liens entre l’Homme et la nature dans ce besoin phréatique qu’est l’alimentation.
Et nous avons pu constater les nombreux biais, les croyances, les aspirations d’un monde qui pourtant ne semble pas réaliser qu’il porte des lunettes déformant la réalité du vivant, fort de 3 milliards d’années de recherche et développements.
Aujourd’hui, nous pensons qu’il est essentiel d’utiliser ce que la nature nous a offert pour comprendre pourquoi la nature, au fil de ses essais-erreurs, a abouti à la genèse de l’être humain. Serions-nous une de ces erreurs nécessaires à l’avènement d’un nouveau vivant ou sommes-nous capables de sublimer cet essai en l’intégrant dans la continuité de l’évolution ?
Nous pensons qu’il y a une place pour l’Homme et que pour lui donner cette chance offerte par la nature, et au regard de ce que nous avons réalisés sur terre, il est temps de retravailler notre place, d’intensément repenser notre compréhension. EN effet, et chaque jour nous pouvons le constater, sans un travail intense et prioritaire de recherches et expérimentations, nous sommes condamnés à refaire les mêmes choses. Quelle raison y aurait-il au changement ? Allons-nous continuer à blesser la terre, à réduire au silence de nombreuses espèces ? Allons-nous continuer à retourner nos sols, épandre des engrais artificiels pour compenser nos excès ? Pourquoi essayerions-nous d’autres pistes si nous n’essayons pas d’en comprendre la nécessité et l’intérêt non seulement pour nous mais aussi pour le vivant en général.
Les pistes sont nombreuses et beaucoup restent encore à parcourir, à découvrir et à éprouver. Beaucoup seront partiellement impossibles, inefficaces voire dangereuses. Et nous en constatons d’ailleurs aujourd’hui les effets, sans d’ailleurs pour autant en retirer les leçons. Cette capacité donnée à l’être humain par la nature à transmettre, à échanger, à partager les informations est justement un outil magnifique qui doit porter les résultats de nos propres visions.
Pour nous, la recherche est capitale et indispensable pour garantir notre avenir comme espèce. Il ne s’agit pas d’engager des mini-recherches mais bien d’investir massivement à notre existence. Autant, des efforts et des découvertes concernant la genèse de sources d’énergie a suscité des investissements importants, autant notre capital vivant subit les pénuries. Pas de complotisme mais bien un glissement de notre espèce vers son auto- prédation. Est-ce l’apanage des capacités cognitives de l’être humain qui aboutissent immanquablement à cette auto-prédation, cette concurrence interne.
Aujourd’hui, nous crions l’urgence de faire des investissements massifs dans la recherche et le développement de parcours techniques. Et c’est d’autant plus important que chaque région, chaque sol demande des adaptations, des orientations qui doivent sortir des sentiers battus sous peine de répéter les erreurs du passé.
De notre côté, nous n’attendons pas, même si nous souhaitons ardamment, l’aide et l’accimpagnement scientifique pour continuer à expérimenter des variétés productives et des outils adaptés aux petites surfaces (extensibles aux plus grandes) et d’intégrer un maximum d’animaux afin de cohabiter, regénérer, diversifier, augmenter la résilience de notre projet.