La robustesse plutôt que la performance!
Quelle surprise d’écouter et regarder Olivier Hamant et quelle découverte!
Au fil de nos pérégrinations sur la toile, de rencontres magnifiques, il nous manquait quelques clefs pour mieux comprendre le vivant, l’évolution de nos espaces et donner du sens à nos projets.
Comme dernièrement:
- Cycle Arthur Keller, Cycle Arthur Keller (3/3) – Les défis de notre temps. (youtube.com) qui donne une lecture systémique, factuelle.
- Qui mangera quoi ! et la rencontre avec l’Atelier paysan (https://youtu.be/atfpJSF2I4Y) qui nous offre un récit rempli de bon sens et des ateliers de mises en perspectives.
- Cycle Laurent Testot et Comment habiter la Terre dans le respect des ses limites, par quels moyens d’action?
Ainsi que nos rencontres dans le cadre de Festivals, des marchés locaux, nos visites dans de lieux inspirants et la lecture et le suivi de formations sur SATOR et autres lieux (La Forêt Nourricière, la Forêt Gourmande, les Alvéoles) et plus généralement les nombreux flux sur la toile nous inspirent et nous forcent à revisiter nos croyances mais aussi nos échecs cuisants de collectifs qui nous ont bien cassés et heureusement d’autres projets collectifs qui continuent à nous inspirer (entre autres: La ferme du Grand Enclos, Coopérative Canopée).
Nos participations aux projets d’Hydrologie Régénérative, de la Sécurité Sociale de l’Alimentation (SSA), de cycles de cours sur notre site, de rencontres internationales motivantes (PUHR, Slovaquie, Colombie Britannique, Hollande, France…), PermaGarden, expérimentations de céréales jardinées et de syntropie, le Festival des Jardins-Forêts 2025, …
Et puis, au hasard d’un lien, presque comme un appel, j’ai regardé une première intervention de Olivier Hamant qui m’a interpellée. J’ai ensuite visité quelques-unes de ses conférences que j’ai mis en perspective de notre travail, de nos idées.
La robustesse plutôt que la performance… et cette difficulté d’inverser, de changer réellement de paradigme. Tout aujourd’hui nous pousse vers la performance et pourtant comment s’affranchir de cette dernière et s’engager dans cette nécessaire et indispensable dynamique.
C’est le début d’un travail qui remet en perspective nos acquis, nos incohérences, nos difficultés, nos aspirations.
En route vers de nouvelles aventures!
Quelques liens qui me semblent liés avec Marc-André Selos
La « robustesse » s’oppose à la performance. Mais pourquoi sommes-nous câblés pour la performance?
Regardez les animaux. Le stress qu’ils subissent est physiologique. La gazelle qui se fait attaquer par le lion subit un pic de stress lors de l’attaque ainsi que le lion. Le stress, en accélérant les fonctions cognitives, en optimisant les fonctions vitales (rythme cardiaque, métabolisations optimisées, accentuant les perceptions,) se réduit ensuite directement à la fin de l’épisode intense. Les animaux ne sont pas continuellement stressés car il s’agit d’une réponse presque instantanée de l’instinct de conservation. Et nous pouvions constater qu’il n’y a pas beaucoup de burn-out dans le monde animal.
Or, à l’origine, Chasseurs cueilleurs, nous avons pendant des centaines de milliers d’années développé un stress anticipatif. En effet, fort peu équipé pour se défendre, l’homme a développé cette faculté d’anticiper le danger en développant un stress anticipatif qui vise déjà à optimiser et améliorer ses réponses morphologiques afin de compenser sa faiblesse naturelle (pas de défenses, de cornes, de poison, de griffes, de vitesse…).
A force d’anticiper, cette réponse anticipative est devenue une des caractéristiques de l’humanité et la réponse est découplée de sa capacité à se défendre. De même, autre caractéristique de l’humanité, la vie sociale s’est développée afin d’apporter un autre type de capacité à se protéger. Notre histoire nous a conduit à dissocier l’évènement de la réponse instinctive.
Or, aujourd’hui, fort de ces capacités qui en partie nous caractérisent, nous rencontrons de plus en plus de phénomènes de burn-out. Les phénomènes à l’origine de stress humain deviennent eux-mêmes de plus en plus dissociés de la simple réaction compensatoire visant à préparer, anticiper, améliorer notre réponse à un danger. Le Burn-out qui consiste à arrêter non seulement les réponses automatiques apprises au fil des millénaires aboutit également à une incapacité à entretenir cette fuite en avant vers la performance et cela souvent de manière durable. Nous pourrions presque imaginer le burn-out comme une réponse immunitaire. Ce phénomène de burn-out devient également visible au sein du monde animal par l’effet des pressions continues d’un monde façonné par l’intensité des performance induites par l’Homme.
Les pressions sociales mais aussi le stress induit par notre vie hors-sol ne correspond absolument plus aux stimuli de l’environnement humain. En étant sollicité continuellement pas des phénomènes qui ne sont plus directement liés à l’activité du vivant, la réponse instinctive construite au fil des millénaires oblige nos corps à continuellement demeurer en stress aboutissant inévitablement à cette limite où le corps dit « assez » et n’est plus capable de maintenir une continuité.
Ainsi, la performance devient totalement antinomique à la robustesse du fait de la transformation induite depuis des milliers d’années. Il est ainsi très difficile de changer de paradigme car il s’oppose à une adaptation quasi génétique de notre fonctionnement. Cela explique probablement l’issue évidente de notre société qui, si elle n’y travaille pas, aboutit à un déphasage de son fonctionnement avec le vivant qui traduit l’instinct de conservation dans une sorte d’anti-performance.
En somme, le vivant est performant pendant les épisodes de danger alors que l’humain l’est quasi continuellement. Aujourd’hui, de plus en plus, le stress est constant, non pas intrinsèquement par les phénomènes physiques mais bien par la réponse humaine à ces phénomènes physiques. Il est dés lors bien difficiles de recâbler ce qui a été construit au fil des 285.000 ans de chasseurs cueilleurs.
Comment arriver en seulement quelques milliers d’années (pour ne pas dire centaines d’années) déconstruire une faculté justement développée pour compenser notre faiblesse naturelle. Travail intense et capital pour faire évoluer l’homo sapiens devenu aujourd’hui homo-perfunctio vers l’homo-robustus.