Peut-être une révolution copernicienne de la PAC
Les possibles d’une évolution importante de la PAC.
L’impact pourrait donner une place aux structures qui ne sont pas dans la dynamique actuelle. Vu l’importance des enjeux, la machine agroalimentaire risque d’en vider le potentiel d’évolution.
Strategic Dialogue on the Future of EU Agriculture
De Frederic Courleux:
Ceci est une révolution ! Le débat s’ouvre enfin pour tourner la page des subventions à l’hectare, l’outil phare de la PAC depuis 30 ans !
– A la demande de la Présidente Von Der Leyen, les syndicats agricoles et les ONG ont planché sur un rapport qui a été dévoilé cette semaine. Piloté discrètement par des fonctionnaires de la DG Agri (bravo à eux !), les consensus trouvés dessinent les prochaines réformes de la PAC.
– Si les autres dimensions sont également traitées (j’y reviendrai dans d’autres posts), le principal message est clair : l’argent de la PAC doit cesser d’être déversé sous la forme de subventions à l’hectare.
– C’est un coup de tonnerre tant le « découplage des aides » était jusqu’alors le Graal, mais une demie surprise puisque le Professeur Strohschneider qui présidait le Dialogue Stratégique était arrivé aux mêmes conclusions en 2021 dans un exercice similaire à l’échelle allemande.
– Donner une dimension sociale à la PAC plutôt que d’alimenter la chasse aux hectares ? Extrait « Un soutien spécifique devrait prévenir l’abandon des exploitations agricoles et contribuer à garantir un revenu décent aux agriculteurs, en ciblant ceux qui en ont le plus besoin, en particulier dans les zones soumises à des contraintes naturelles, les petites exploitations, les jeunes agriculteurs, les exploitations mixtes et les nouveaux entrants. »
– Mais au fait comment on en est arrivé là ? Au début des années 1990, on s’est raconté une fable : il suffisait de supprimer les effets des politiques sur les marchés pour que ces derniers s’équilibrent et que les agriculteurs puissent vivre de prix équitables. Ça s’appelle le scénario du « Bond Scheme » et à la fin, les aides découplées devaient juste être supprimées. Le hic c’est que structurellement instables, les marchés agricoles sont loin de l’épure de la concurrence pure et parfaite.
– C’était jusqu’alors un débat interdit ! Les effets pervers sur le prix des terres, des fermages (et surtout des reprises de ferme en France) étaient mis sous le tapis. Surtout, il ne fallait pas dire trop fort que cet argent public ne permettait pas d’orienter les fermes vers la durabilité et que donner le même montant de subventions que les prix soient hauts ou bas relevait du gaspillage.
– Et on agitait le spectre du respect des règles de l’OMC, alors même que nos marges de manoeuvre y sont suffisament grandes pour recoupler tout le budget de la PAC !
– Au delà de cette impulsion initiale, beaucoup reste à faire pour penser, filière par filière, territoire par territoire, de meilleures façons de penser la dépense publique en articulation avec une meilleure régulation des marchés.
– Et de saluer une nouvelle approche, par le dialogue, loin des garde-chiourme du statu quo qui cherchent surtout à défendre des décisions passées que de penser pragmatiquement les changements à venir, avec une vision systémique parce que l’agriculture ne peut être ni réduite à un habitat, ni à une balance commerciale.