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Permaculture Agricole
Nos Forêts: Hétéronomie, Autonomie et porosités

Nos Forêts: Hétéronomie, Autonomie et porosités

(13) Rencontre d’auteur: Benjamin Nollevaux, “Les Arbres qui cachent la forêt”. | Facebook

Lors de la présentation du livre de Benjamin Nollevaux, nous avons entendu et écouté les questions de l’assemblée.

Ce qui était réjouissant, c’est l’importance portée aujourd’hui par un nombre croissant d’acteurs de la Forêt, concernant la gestion écologique. Des frémissements, voici quelques années, nous arrivons à une lame de fond qui se préoccupe de la soutenabilité, de la résilience des forêts.

Cependant, en filigrane, le rendement ou la production se résumaient essentiellement à la production de grumes et/ou de bois de chauffage. Les propriétaires s’enquièrent principalement du rendement financier. Même si la vision à long terme (celui de la vie d’un arbre qui peut se compter en centaines d’années) devient une valeur importante en terme de systémique écologique, le deuxième pilier de la gestion forestière reste et demeure dans un schéma traditionnel de production destiné à cracher des grumes et du bois de chauffage. Nous en sommes aussi directement victimes à l’occasion de mises-à-blanc de certaines parties de nos propres forêts.

Or, la vision économique n’est pas requestionnée dans ses finalités. Les propriétaires s’étonnent toujours des forêts qui ne sont pas “rangées” et qui demeurent essentiellement dans l’esprit d’un rendement pour la génération et éventuellement les deux prochaines. Or, la forêt ne peut s’envisager qu’à l’aulne de la durée de vie de ses membres (les arbres, le sol, les effets systémiques de la flore et de la faune). Il n’est pas envisagé par exemple de conduire ou d’accompagner une forêt en terme de production alimentaire (comme cela est et était le cas dans les forêts tropicales et plus anciennement chez nous pour les cueilleurs que nous étions).

Le troisième pilier dit “social” considère l’incorporation de l’Homme dans ce milieu régénérateur qu’est la forêt. Là aussi, l’usage est souvent limité à sa fonction “bien être” et un espace favorisant la philosophie, la méditation. Pourtant, la pharmacopée forestière est aussi, non seulement une source de revenus mais également de santé physiologique.

Prendre soin des trois piliers de la forêt et d’en assurer un certain équilibre est une des clefs pour le vivant dont nous faisons partie. Et lorsqu’il s’agit d’interroger la DNF, le pouvoirs politiques (lors de la dernière Foire de Libramont par exemple) ou même les intérêts privés, sur l’intérêt d’insérer des fruitiers pour leurs vocations vivrières et leur intérêt systémique, il est déconseillé voir interdit d’implanter des arbres fruitiers dans les massifs forestiers Ardennais. Encore plus, si ce sont des variétés non-endémiques. Un vide non seulement juridique (pourquoi des Chênes qui portent aussi des fruits et pas des pommiers) mais aussi scientifique.

De plus, en termes de densités de plantations, le débat lui aussi pose problème alors que la science tend à apporter des réponses quand à l’intérêt d’une densification, au delà de la diversification. Diversification qui reste bien faible face aux directions que peut prendre le climat (chute de la circulation thermohaline vs réchauffement). La résilience est aussi de pouvoir anticiper les directions parfois antagonistes de notre climat. Les tentatives et expérimentations en agriculture syntropique (très dense) ne méritent-elles pas aussi d’être évaluées en profondeur en faisant appel au monde scientifique et aux autres intervenants de la forêt?

Tous sont d’accord pour dire que la monoculture ne favorise pas la biodiversité et conduit même à une catastrophe écologique. Mais quand il s’agit de parler d’économie, le schéma monoculturel revient comme valeur cardinale: rentabilité et orientation industrielle aux grumes et bois de chauffage. Aucune initiative concernant d’autres usages novateurs ou oubliés. Ne serions nous pas aussi, en termes d’économie, dans une monoculture? Ainsi, la liste des espèces autorisées par la Région évite l’introduction d’espèce non-endémiques. Or, il faut savoir (pour les avoir découvert dans les carottes glaciaires) que de nombreuses espèces dites non-endémiques existaient sur notre territoire, avant la dernière glaciation.

Es-ce dû à ces fractures entre le monde scientifique et le monde des naturalistes et celui des économistes?

Il s’agit non pas d’autonomie ou de porosité mais bien d’hétéronomie. Au delà de l’étymologie d’une porosité (porus:ouverture) entre ces mondes, il faudra aller jusqu’à l’hétéronomie qui au contraire des accents mis actuellement sur l’autonomie qui favorise l’isolement, reconnaît la nécessité de l’autre et la richesse de sa différence. Visiter le monde de l’hétéronomie c’est offrir un changement de paradigme réel sur le chemin que nous avons pris depuis bien trop longtemps.

“Les jeunes refusent les boîtes qui se contentent de ‘faire de la RSE’” : Entretien avec Gaspard Koenig | Philonomist.

Des outils existent dont par exemple la comptabilité en triple capital:

Comptabilité triple capital : définition, fonction et modèles (youmatter.world)

Il nous reste encore un long voyage de découvertes et nous partageons l’optimisme de Benjamin Nollevaux ((14) Facebook) sur l’évolution de nos concitoyens et de leurs pratiques.