Couvres-sols
Dans le cadre du projet de soutien à la relocalisation de l’alimentation en Wallonie, nous avons constaté que les temps de désherbages est chronophage. Il nous semble important d’investiguer des méthodes limitant ces 60 à 80% du temps destiné au désherbage. Que ce soit les principes de la permaculture ou du maraîchage sur sol vivant ou encore dans la pratique de l’agriculture syntropique, la nécessité de ne pas retourner le sol est nécessaire pour ne pas mettre en péril la résilience des sols. D’autre part, la multiplication des adventices aboutit aussi à une difficulté d’exploitation et une réduction de la production.
En effet, les espaces utilisés par les adventices ne sont pas facilement exploitables pour une production nourricière. Il est dés lors essentiel de pouvoir apporter des pistes de solutions entre autres au sein du mode d’exploitation que sont les jardin forêts. La première phase du jardin forêt du Pré Don vise à installer un jardin forêt dans l’esprit d’expérimenter des méthodes culturales, des parcours techniques dans un espace structuré (du point de vue humain) en vue d’une exploitation (économie symbiotique) et d’une production servant à l’alimentation humaine (projet de soutien à la relocalisation de l’alimentation).
L’idée de tester des couvres sols entre les lignes de cultures agroforestières denses est un moyen de densifier la production tout en ayant à l’esprit que cette densification permet aussi de régénérer les sols et d’apporter une biomasse servant aux autres éléments de résilience.
Trois objectifs simultanés sont donc retenus pour l’instant:
- Production d’aliments à destination humaine par l’expérimentation de couvres sols vivaces.
- Production de matières organiques et de biomasse destinées aux autres éléments de la forêt jardin pour rendre celle-ci plus autonome (éviter les intrants au maximum)
- Emprise sur le développement des adventices en remplissant la niche écologique tout en trouvant des pistes facilitant l’exploitation au quotidien (normalisation des planches en tailles et formes et ainsi permettre l’utilisation d‘outils adaptés et standardisés)
Dans le design de départ du jardin forêt du Pré Don, une attention particulière a été de disposer les arbres en lignes afin de permettre une mécanisation ou du moins une exploitation des espaces plus rapide et efficace. Non seulement, ces espaces permettent une lecture plus facile du paysage de l’exploitant tout en garantissant une bio diversité s’approchant de l’écosystème naturel, une lecture pédagogique pour les visiteurs afin de faciliter la réplication du modèle (pédagogie par l’exemple) mais aussi de favoriser l’insertion de l’être humain dans la nature afin de lui apporter les bienfaits d’un milieu naturel (shinrin-yoku).
La résistance au climat d’Ardennes méridionales, à la sécheresse et l’adaptation au sol du Pré Don ont été étudiés. La culture de canneberges, de cornouiller du canada, de thés, de thym rampant, de fraisiers arctique, de chénopode géant et de framboisiers rampant a été initiée sur des planches normalisées à 92 cm de large (trois bandes entre les espaces interlignes des strates arborées).
Les premiers résultats de ces premières cultures sont disponibles et s’ensuivront des tests avec d’autres variétés de plantes (épinard du Caucase par exemple) destinées non seulement pour leurs valeurs nutritionnelles mais aussi à la création de biomasse (chanvre) destiné à rendre autonome la forêt jardin en termes de paillage mais aussi comme ressource économique potentielle (tissus, paillage contre certains ravageurs, litières) et nourriture animale visant à améliorer l’autonomie et éviter au maximum les intrants.
En effet, la multiplication des exploitation (bio, bio-intensif, maraîchage sur sol vivant, agriculture syntropique) nécessitent l’apport de matières organiques. Actuellement, les ressources existent (déchetteries, ressourceries, agriculteurs conventionnels) mais la nécessité d’une alimentation saine et locale implique automatiquement une multiplication du besoin en matières organiques et en matériaux biosourcés. La souveraineté alimentaire s’accompagne nécessairement d’une autonomie vis à vis des intrants surtout dans une vision systémique plus globale.
Il ne serait pas soutenable de ne pas regarder avec une vision “macro”, le développement de l’agriculture nourricière essentielle au maintient de nos systèmes de gouvernances (comme la démocratie).
Les résultats et mesures sont publiés en Open Source afin de nourrir la communauté et améliorer notre résilience. Les mises à jours sont faites en continu.
Mesures des planches inter fruitiers saison 2022
Pour la saison 2022-2023, la culture de chanvre (biomasse et paillage protecteur) est envisagée ainsi que la culture d’épinards du caucase. Affaire à suivre…