
Céréales jardinées
Cette année, nous avons commencé l’expérimentation de céréales jardinées.
Voilà quelques centaines d’années, les citoyens cultivaient des céréales pour la nourriture de leurs bêtes (poules, cochons,…) et la plupart avaient (du moins à la campagne) un jardin et des légumes de saisons.
La disponibilité de céréales impliquait aussi la présence de minoteries qui transformaient les grains en farines et souvent un four banal, installé dans le village pour y cuire les pains, tartes et pâtés de viandes. Sans la présence de frigos ou de congélateurs, la conservation passait par d’autres usages.
Le pain issu de la farine était assez facilement conservé, les pains de viandes et les salaisons permettaient de passer les hivers.
Aujourd’hui, les céréales se réduisent à quelques variétés performantes. Cependant, la réduction du nombre de variétés demeure un danger sur notre souveraineté alimentaire. La monoculture, la sensibilité monovariétale est-il un risque à courir? La dépendance aux phytosanitaires et aux externalités hypothèquent aussi cette souveraineté.
Nous avons donc décidé de tester différentes variétés de céréales anciennes et de participer aux études de sciences citoyennes portées par l’association Triticum. Nous aimerions y voir aussi des acteurs locaux et des scientifiques et académiques afin de construire, valider et publier les résultats.
A part Triticum qui fonctionne sur base bénévole, aucun acteur locaux ne semblent intéressé! Peut-être sont-ils accaparés par des sujets beaucoup plus centraux concernant notre souveraineté alimentaire? Peut-être pensent ils que la chaîne (systémique) locale n’est pas assez robuste pour reconstruire un tissu local holistique (graines-production-récolte-strockage-transformation-alimentation)?
Peut-être que l’urgence fait oublier qu’il s’agit avant tout de repenser la toile sociale, technique et logistique pour chaque climax, chaque terroir, chaque biodiversité pour ne pas se retrouver d’ici quelques années devant une impossibilité matérielle et temporelle d’assurer notre besoin phréatique de nous nourrir.
Les céréales jardinées s’adaptent parfaitement au jardin forêt comme la culture de vivaces nourricières dont la fonction n’est pas uniquement d’apporter le couvert aux humains mais aussi aux autres animaux et plantes (couvres sols, mellifères, fourragères,…). Il est étonnant que certains scientifiques ignorent jusqu’à l’existence de ce mode d’agroforesterie qu’est le jardin forêt alors que tout indique qu’un travail en silos (céréalier, maraîcher, élevages, …) aboutit à un appauvrissement de nos milieux (monocultures, intensif, mono strate,…).
Mais cela ne nous empêche pas de semer, planter, récolter, transformer, stocker pour préparer d’autres pistes. Les associations, les rendements, la qualité organoleptique, les apports de minéraux enfin, bref, une agriculture qui ne nuit pas à la santé et qui régénère le vivant est une voie qui nous montre chaque jour notre ignorance des mécanismes préparés par la nature depuis des millards d’années. Serions-nous aveugles face aux écosystèmes et leurs manières de rester vivant et pour nous productifs.
Quelques dizaines de variétés ont été semées. Les résultats arrivent car ces graines ont été réceptionnées très tard (erreur de transport) et ont été semées tardivement (sécheresse du printemps). La récolte est décalée est donc décalée en espérant néanmoins une bonne qualité des grains…

