Job2Farm
Ce qui nous aide à penser à un avenir magnifique c’est que nous continuons et continuerons, avec nos moyens et notre âge, à travailler sur notre parcelle pour tenter d’apporter des pistes de transitions, des techniques, des actions et surtout des réserves de graines, de plantes, d’arbres susceptibles de servir la communauté. C’est l’une des souverainetés qu’il sera difficile de nous enlever.
Ainsi les tests des céréales jardinées, les planches d’agriculture syntropique (ou plutôt néguentropique), le densification, la diversification,… restent des actions concrètes dans notre contexte local. La création d’un système de serre Walipini, de serres déplaçables, d’une grande mare, de séchoir solaire différencié, de zones de stockage bioclimatiques, etc… sont aussi dans nos intentions (surtout en climat Ardennais) à destination autant des amateurs que des professionnels. La robustesse du vivant nous enchante face aux fluctuations actuelles et à venir.
C’est d’ailleurs pour cela que je défends l’importance des amateurs (ceux qui ne vivent pas de leurs productions qu’elles soient alimentaires ou intellectuelles). Souvent, par provocation, je demande à mes interlocuteurs « où sont vos divisions ». L’amateur, le citoyen ne peux comprendre l’importance de l’alimentation s’il n’en mesure pas la variabilité, la générosité, les aléas, les difficultés pour la produire. Nous sommes incarnés et cela implique des limites que nous devons rencontrer pour pouvoir s’y confronter. Comment le consommateur pourrait-il comprendre la valeur des choses (dont son alimentation) s’il n’en mesure pas les limites.
A l’aulne de ces considérations, il me semble évident qu’il est essentiel d’embarquer un maximum de personnes dans la rencontre du vivant. Les outils comme les « Sentiers des Savoirs », comme la SSA (Sécurité Sociale de l’alimentation ») et maintenant ce qui me semble être un concept innovant comme « Job2Farm » qui consiste, à l’instar des voitures de sociétés, à permettre des réductions d’impôts aux sociétés qui proposent à leurs travailleurs, une activité au sein des producteurs d’alimentations qui ne nuit pas à la santé (conventionnement des producteurs en fonction de certains critères).
« Job2Farm », devrait avoir comme bénéfices de confronter le citoyen à un besoin phréatique qu’est son alimentation. Mais aussi, de prendre conscience physiquement et mentalement de l’importance de la biodiversité, de la robustesse du vivant et des aléas qui l’atteignent. Sans ce lien direct à la réalité de notre écosystème, nous ne pouvons pas comprendre, ressentir et avoir ces émotions et ces échanges avec le vivant. L’empathie est une circulation d’émotions que nous rencontrons de moins en moins dans un monde hors sol.
Les bienfaits des bains de Nature sont de plus en plus mesurés. Que ce soient le contact avec les champignons du sol, les sons des oiseaux, la présence aux plantes et aux insectes qu’ils soient considérés comme ravageurs, la beauté de la germination, de la croissance et des produits issus d’une agriculture qui fait sens apportent un bien être aux humains qui habitent aussi ce monde, le seul que nous ayons. Tout comme pour les voitures de sociétés, cela induit aussi la multiplication des lieux de productions, de biodiversités. Le phénomène est d’ailleurs similaire pour la SSA qui amorce la création d’un tissu de producteurs qui y trouvent matière à vivre décemment.
Alors pourquoi ne pas travailler à « Job2Farm » pour réenchanter notre vision du monde et donner des divisions au vivant!
Et comme le dit Hervé, “La vie est belle”.
